
Tout ce qu'il faut savoir sur les émotions pour les apprivoiser !
Les émotions, un sujet tabou ?!
L'expression émotionnelle est soumise à des règles implicites imposées par la Société, la culture, l'entreprise, la famille... ; l'ensemble des groupes dans lesquels nous évoluons. Mais chacun de ces groupes possède ses propres normes. Certains environnements vont valoriser l'expression des émotions dites « positives » et proscrire les émotions dites « négatives » pendant que pour d'autres, ce sera l'inverse.
Chacun d'entre nous a déjà été contraint de réprimer sa colère en public, ou son agacement face à une personne d'autorité ou encore garder le sourire face à un cadeau qui ne nous plaît pas.
Il apparaît que la capacité à exprimer ses émotions est en corrélation avec le contexte relationnel et la manière dont l'émotion était perçue et vécue au sein de l'environnement familial.
Pour ceux qui ont grandit dans un environnement peu propice à l'expression des émotions, pas de panique !!! La plasticité neuronale montre que l'apprentissage émotionnel est possible à tout âge.
Qu'est-ce qu'une émotion et à quoi sert-elle ?
Une émotion est un état bref, allant de quelques secondes à quelques minutes, provoqués par une situation spécifique (Luminet, 2002).
Cette émotion va s'exprimer par des manifestations physiques, des pensées et des comportements.
Ce n'est pas tant la situation spécifique elle-même qui provoque l'émotion, c'est sa signification pour l'individu. De ce fait, si la personne, la situation ou la signification de cette situation change, l'émotion changera voire disparaîtra.
Je souhaite attirer votre attention sur la confusion qui peut apparaître entre l'émotion et le comportement qu'elle induit. En effet, l'émotion est utile alors que les comportements qu'elle provoque ne le sont pas forcément.
Par exemple, la colère nous renseigne sur nos frustrations et nous influe l'énergie nécessaire pour réagir à la situation. Pour autant, les comportements violents qui résultent d'un colère mal gérée sont délétères.
L'émotion joue plusieurs rôles !
L'émotion est TOUJOURS porteuse d'un message. Elle nous envoie une information sur notre capacité d'adaptation et notre état d'équilibre par rapport à l'environnement. Il s'agit donc d'un indicateur de satisfaction ou d'insatisfaction de nos besoins.
Quant à son intensité, elle dépendra de l'importance que nous accordons à l’événement en question. Plus l’événement est significatif, plus l'émotion est forte.
Par conséquent, notre adaptation à l'environnement dépendra de notre capacité à accueillir l'émotion, d'en tirer l'information qu'elle nous fait passer et de la réguler si elle n'est pas adaptée à la situation.
En qualifiant l'émotion d'indicateur, il n'y a aucune raison de catégoriser les émotions comme positives ou négatives car cette connotation morale amplifie l'évitement des émotions de peur, colère, envie... Nous parlerons donc d'émotions agréables ou désagréables afin de faciliter l'accueil de l'ensemble des émotions.
L'émotion est un outil indispensable à l'adaptation. Lorsque nous accueillons notre émotion et que nous comprenons le message qu'elle nous envoie, nous sommes aptes à adapter notre comportement à la situation.
Par exemple, vous êtes seul chez vous, prêt à aller vous coucher et vous entendez du bruit, il y a peut-être quelqu'un chez vous, vous avez peur, vous sentez votre rythme cardiaque s'accélérer, votre attention est orientée sur les moindres stimuli qui vous renseigneront sur le niveau de la menace, votre priorité ne sera plus sur votre besoin de sommeil mais votre survie, vous vous remémorez tout ce que vous avez pu lire ou voir sur les moyens de défense etc.
L'émotion est également un facilitateur d'action. Comme mentionné précédemment, elle intervient pour nous aider à nous adapter à notre environnement et ainsi à agir vite et bien.
Par exemple, la peur va nous pousser à nous enfuir alors que la colère nous pousse à lutter, pendant que la tristesse nous encourage à pleurer ou encore la surprise à nous arrêter.
L'émotion sert également à prendre des décisions. Cela a été observé par Antonio Damasio après l'étude de plusieurs individus ayant subis une lésion cérébrale (du cortex orbito-frontal ou du cortex préfrontal ventro-médian).
Toute situation de choix constitue une situation émotionnelle déclenchant une réponse physiologique qui est un indicateur, pas toujours conscient, dans la prise de décision. Sans cette réponse physiologique, la prise de décision peut être risquée.
L'émotion guide les interactions sociales. Notre capacité à adapter notre comportement et nos réactions à notre entourage est essentielle dans nos interactions sociales. Par exemple, pour apporter son aide à un ami en deuil, il est préférable de ne pas être dans un état émotionnel gai et joyeux.
Pourquoi développer ses compétences émotionnelles ?
Les compétences émotionnelles déterminent la capacité à identifier, comprendre, exprimer, gérer et utiliser ses émotions et celles des autres.
S'ouvrir à ses émotions signifie accepter leur existence et en extraire la valeur informative ; il suffira ensuite de choisir de les utiliser ou de les réguler.
Les compétences émotionnelles jouent un rôle essentiel dans la santé mentale, la santé physique, la performance au travail et les relations sociales.
Certains d'entre vous doivent penser qu'il vaut mieux éviter les émotions désagréables comme la frustration ou la tristesse et s'efforcer d'être toujours calme et heureux. Or vous ne serez pas d'une grande aide pour votre ami qui vit un moment difficile si vous restez dans un état émotionnel heureux ou vous ne voulez pas être dans un état émotionnel de plénitude face à une menace, vous voulez pouvoir agir ou fuir ou alors être dans un état d'euphorie alors que vous devez réaliser une présentation devant le Codir...
Comment réguler nos émotions dysfonctionnelles ?
La régulation émotionnelle se réalise à travers différents paramètres.
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Le type d'émotion : nous cherchons souvent à passer d'une émotion désagréable à l'absence d'émotion ou à une émotion plus agréable ou alors de changer d'émotion au sein d'une même valence affective, par exemple de la tristesse à la colère.
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L'intensité de l'émotion : il s'agit dans ce cas d'essayer de réduire la signification de l'événement afin de modérer l'impact dudit événement, par exemple, réduire sa joie suite à une réussite face à un collègue qui a échoué.
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La durée de l'émotion : il s'agit ici de prolonger ou d'écourter une émotion afin de savourer pleinement le moment ou au contraire de s'en éloigner au plus vite.
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Une ou plusieurs composantes : nous choisissons ici de changer une ou plusieurs composantes afin de ne pas laisser transparaître à l'extérieur ce que l'on ressent à l'intérieur.
La régulation émotionnelle peut se faire à différents moments.
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Avant l'apparition de l'émotion : gérer de façon préventive ses émotions en anticipant les émotions induites par une situation et décider de se confronter ou non à cette situation, soit en acceptant pleinement les émotions qui en découleront soit en modifiant sa perception de la situation pour ne pas laisser le temps à l'émotion de nous envahir totalement.
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Après l'émergence de l'émotion : réguler l'émotion après son apparition car elle a été déclenchée par une situation imprévue, par une situation que l'individu savait génératrice d'émotion mais qu'il ne pouvait pas éviter ou par une situation qui déclenche une évaluation négative conditionnée (ex. la vue d'un serpent = tous les serpents sont dangereux)
Quelles méthodes utiliser pour réguler ses émotions ?
Comme mentionnée précédemment, une façon de gérer ses émotions est d'anticiper l'émergence d'émotions dans différentes situations et de décider si nous souhaitons nous y confronter ou pas en évaluant les coûts/bénéfices émotionnels à court et à long terme. La confrontation pourra être privilégiée si elle engendre plus de bénéfices que de coûts à long terme.
Pour les situations où l'émotion est déjà présente, il existe plusieurs solutions :
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Libération directe de l'émotion : nous modifions la source de l'émotion indésirable – ex. la clé se bloque dans la serrure, nous allons refaire une nouvelle clé,
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Libération indirecte de l'émotion : nous faisons appel à quelque pour nous aider à modifier la source de l'émotion indésirable – ex. nous n'arrivons pas à monter un meuble seul, nous demandons à un ami de nous aider,
afin d'éviter de ruminer l'émotion difficile,
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Distraction interne : nous allons penser à autre chose – ex. souvenir d'un moment de joie,
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Distraction externe : nous allons faire autre chose – ex. sortir avec des amis
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Changement cognitif : comme l'émotion ne vient pas de l'événement lui-même mais de la perception que l'on en a, nous allons changer notre perception en examinant nos croyances, en relativisant la situation (est-ce vraiment si important?), en cherchant du positif dans la situation à court et à long terme, en acceptant que l'on ne pourra pas changer la situation et donc les émotions désagréables qui en découlent.
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Expression des émotions : partager ses émotions avec les gens qui nous sont proches et à qui on peut se confier mais qui ne sont pas à l'origine de nos émotions ou de les exprimer de manière posée et constructive à la personne source de nos émotions difficiles,
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Techniques de relaxation : appliquer des techniques de relation dirigée, selon un protocole défini ou des techniques de relation personnelle, c'est à dire, des actions qui nous font du bien (prendre un bain parfumé, faire de la méditation, se balader en pleine nature, écouter notre musique préférée...)
Pour vous aider à faire face à vos émotions et choisir de les utiliser ou de les réguler, il existe de nombreuses techniques thérapeutes que vous pouvez combiner. A vous de choisir celle(s) qui vous conviendra !