Rachelle LE COSQUER

Rachelle LE COSQUER

Orthophoniste
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Votre enfant lit mal : est-ce de la mauvaise volonté ?

Regard d’orthophoniste :

je reçois régulièrement en bilan des enfants de CP ou CE1 dont les parents arrivent avec une même question, parfois teintée d’incompréhension ou d’inquiétude :
« Il connaît ses lettres, il sait lire… mais il ne veut pas. Est-ce qu’il fait exprès ? »
Et souvent :
« À l’école, on me dit qu’il manque de motivation. »

Ces parents décrivent des enfants qui soupirent, se lèvent, rechignent à lire ou « devinent» les mots.

La mauvaise volonté est rarement la cause principale.

 

Lire est un acte complet et exigeant

Apprendre à lire, ce n’est pas juste « reconnaître les lettres ».
C’est :

  • analyser finement les sons du langage (conscience phonologique),

  • les associer aux lettres et groupes de lettres (correspondances graphophonémiques),

  • mémoriser visuellement les mots fréquents,

  • comprendre ce que l’on lit en mobilisant attention, mémoire de travail, langage oral.

➡️ Pour beaucoup d’enfants, ce processus s’automatise progressivement.
Mais pour d’autres ce chemin est beaucoup plus coûteux sans que cela soit visible de l’extérieur.

💬 Derrière les résistances : l’effort invisible

Lorsque je questionne ces enfants, voici ce qu’ils me disent, avec leurs mots :

« J’ai trop de trucs dans la tête. »
« J’oublie les sons. »
« J’ai mal à la tête quand je lis. »
« J’y arrive au début… et après je ne sais plus. »
« J’ai envie de pleurer quand je me trompe, je suis nul. »

Ils ne le montrent pas toujours. Mais ils savent que lire leur demande plus d’énergie que pour les autres. Et ce sentiment d’échec répété peut entraîner une forme de retrait, de repli ou d’évitement, souvent mal interprétée comme du désintérêt ou de l’opposition.

🔎 Le rôle du bilan orthophonique

Mon objectif en tant qu’orthophoniste est de :

  • analyser précisément ce qui gêne l’enfant dans son apprentissage (traitement phonologique, vitesse de lecture, compréhension…),

  • différencier une difficulté passagère d’un trouble spécifique du langage écrit (dyslexie),

  • mettre en lumière ses points forts

  • proposer des pistes concrètes pour l’aider à progresser sans s’épuiser ni se décourager.

Ce regard clinique est fondamental pour réhabiliter l’enfant dans ses efforts.

💡 Ce que je dis souvent aux parents

Non, votre enfant ne fait pas exprès.
Il fait ce qu’il peut… avec les outils qu’il a, et parfois, ces outils ne sont pas adaptés.

L’enfant que vous voyez « traîner » sur une lecture, je le vois mobiliser toute son attention pour un seul mot.
Celui qui « soupire », je le vois lutter pour se rappeler que *« eau » se dit /o/.
Et celui qui vous répond « je sais pas » après un texte, je l’entends penser : « j’ai tout lu, mais je ne sais pas ce que j’ai lu. »

✨ En conclusion

Lire est un apprentissage exigeant. Lorsqu’il devient source de tension, de blocage ou de souffrance, ce n’est jamais une question de volonté, mais souvent une alerte à écouter.

Un bilan orthophonique permet de comprendre, de lever les malentendus… et surtout, de redonner à l’enfant des outils et de la confiance.